Lettre ouverte à la vice-présidente du Conseil Départemental chargée de l’enfance

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Actus

Lettre ouverte à Madame la vice-présidente chargée de l’enfance et de la famille.

Madame,

Le 3 de ce mois, après notre conférence de presse, une délégation de notre association vous a rencontrée, accompagnée de deux membres des services que vous dirigez et de la Directrice de cabinet du Président du Conseil Départemental.

Si l’échange a été empreint de courtoisie et de franchise, la même franchise nous oblige à vous dire l’ampleur de notre déception.

L’élément principal que nous portions était la remise en cause des évaluations menées par et pour vos services.

En avril dernier déjà, lors de notre réunion avec P Bouty, nous pensions avoir apporté suffisamment d’exemples concrets, puisés dans différents rapports d’évaluations, prouvant la méconnaissance de la situation dans les pays d’origine de ces jeunes mineurs et de leurs parcours migratoires.

Ce qui nous surprend, c’est que vous validiez l’affaire alors que les juges des enfants vous ont donné tort 7 fois sur 12 en 2023.

Pour notre part, nous ne revendiquons aucune expertise mais nous connaissons très bien ces jeunes. Inscrits dans le temps long de la solidarité avec eux, familles solidaires qui les hébergent, enseignants, nous avons l’habitude des enfants et des ados. Or nous vous crions que ces jeunes, pour la majorité d’entre eux, n’ont pas 18 ans. Pourquoi ne nous entendez-vous pas ?

Bien au contraire, vous durcissez votre position, notamment sur l’utilisation inadaptée des tests osseux, dénoncée aussi bien par les défenseurs des droits de l’Homme que par les scientifiques. Vous les acceptez et vos avocats les demandent aux juges.

Vos avocats ? Venus de Nantes ou de Paris, ils interviennent désormais dès l’audience du juge des enfants ? Ils seraient destinés à protéger les personnels de l’ASE.

Quels personnels ? Ne devriez-vous pas d’abord protéger vos éducateurs et éducatrices ? Ceux dont le travail auprès des jeunes s’achève par l’obligation de leur signifier leur refus de prise en charge ? Pensez-vous à la violence qu’ils et elles subissent ? Celui qui a déposé la jeune Y. à la gare, sous la pluie en octobre, sans argent et très peu de vêtements : qui le protège ? Dans quel état était-il ce jour-là, le soir en rentrant chez lui ?

Lorsque nous nous sommes quittés, le 3 avril, vous nous avez dit que vous alliez en rediscuter avec vos collègues. Nous comprenons que la porte n’est peut-être pas complétement fermée. Nous restons ouverts au dialogue mais le temps presse maintenant : c’est depuis juin 2021 que nous attendons de vous un changement tangible.

Cordialement