Depuis plus de 6 ans que
l’AADMIE existe en Charente, ses bénévoles aident les Mineurs Isolés Étrangers.
Plus de 60 familles ont hébergé des jeunes et ont permis à plus d’une centaine
d’entre eux d’être scolarisés, d’obtenir des diplômes et d’entrer dans le monde
du travail.
Mais depuis 6 ans, ils et elles tirent aussi le signal d’alarme : aucune association, si volontaire soit-elle, ne peut se substituer aux services de l’état ou du département.
Or c’est bien ce que nous faisons depuis toutes ces années.
Nous hébergeons,
nourrissons, défendons, éduquons des jeunes qui, privés de leurs parents,
devraient être pris en charge par les services sociaux. En l’occurrence, l’ASE
(Aide Sociale à l’Enfance).
Si l’ASE se dérobe à cette mission, bafouant ainsi la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), c’est qu’au terme d’évaluations biaisées, elle déclare majeurs 70% des jeunes qui lui sont présentés.
Dans un climat général de
montée de l’extrême droite et de la xénophobie, nous regrettons que le Conseil
Départemental d’union de la gauche n’ait pas su se démarquer de cette politique
mortifère.
Nos familles solidaires – qui hébergent avec plaisir ces jeunes depuis tant d’années – n’y suffisent plus. Les bénévoles qui donnent de leur temps sans compter constatent que les choses se dégradent.
Ce mois-ci encore les juges des enfants nous ont donné raison en confirmant la minorité de deux jeunes qui vont donc être (re)pris en charge par l’ASE. Mais à quoi bon lutter si dans le même temps l’ASE en a refusé 4 ?
Nous ne parlons pourtant que de quelques dizaines de jeunes dans un département qui compte plus de 350 000 habitants. Nous constatons que les priorités sont ailleurs.
Le 4 avril, nous avons une dernière fois alerté le Conseil Départemental en organisant une conférence de presse sous ses fenêtres puis en adressant à M Bouty, Président du Conseil Départemental, une lettre ouverte restée sans réponse.
Aujourd’hui, nous sommes au bout de nos possibilités et nous allons devoir suspendre nos hébergements solidaires des prochains jeunes que l’ASE refusera.
Les « anciens » jeunes qui ont des familles attitrées ne pâtiront pas de cette décision mais nous refuserons les nouveaux et n’assurerons plus que les aides de base comme l’aide pour être scolarisé, soigné, défendu par un avocat.
Sans abri, comment ces
jeunes pourront-ils aller à l’école ou faire défendre leurs droits par des
avocats ? Nous ne le savons pas.
C’est avec peine et la rage au cœur que nous prenons cette décision d’une extrême violence. Nous en mesurons les conséquences pour les jeunes qui vont être à la rue et ne pourront plus compter que sur eux-mêmes pour survivre, au risque de tomber dans la délinquance.
Ces jeunes pleins d’espoirs et de joie de vivre, pour lesquels professeurs et employeurs ne tarissent pas d’éloges : que deviendront-ils ?
Sans attendre les élections européennes, on peut dire aujourd’hui que l’extrême droite vient de marquer un point en Charente.